Conçue spécialement pour le hall du nouveau bâtiment de l’Institut Curie à Saint-Cloud, l’œuvre unique et monumentale, Vision Polyscopique Bourgeonnante, s’inspire de l’histoire du lieu, de sa noble mission et de son rôle de premier plan dans le domaine de l’oncologie. En déployant dans cette œuvre des photographies issues des laboratoires de recherche, des images d’archives, et bien d’autres motifs, Haegue Yang créée une surface où le savoir, le réel et l’optique s’accordent pour former de concert un nouvel environnement prospectif.

L’œuvre développée sur un fond monochrome et calme, s’inspire d’abord de l’intérêt de Haegue Yang pour les technologies d’imagerie médicale, telles que les rayons X, la tomodensitométrie (CT), l’imagerie par résonance magnétique (IRM) et l’échographie. Ces technologies, qui servent au diagnostic et au traitement des maladies, sont souvent inconnues du grand public. La composition de l’œuvre est centrée et frontale, en commençant par l’image d’un microscope électronique dans la partie centrale haute. Des motifs issus d’IRM de cerveaux forment le noyau central, connectés par-dessous et de chaque côté à un portrait de Marie Curie, alors jeune femme, en plein travail. Un réseau de connexions filaires s’étend tout autour du noyau, semblable à un système neuronal transmettant des signaux entre le cerveau et le reste du corps. Vision Polyscopique Bourgeonnante occupe l’entièreté du mur du hall, étalant aussi d’autres motifs, et plus précisément du matériel hospitalier traditionnel, des pipettes, des tubes, des prélèvements et des instruments de mesure.

Tous ces composants s’étendent vers l’extérieur dans un mouvement de rotation dynamique, aux côtés de toutes les autres images prises dans le laboratoire de l’Institut. Au milieu de ce matériel émergent et prolifèrent des plantes curatives telles que le ginseng, la fougère, la sauge, le romarin et la rose de Jéricho.

À une certaine distance, la composition centrale pourrait s’apparenter à un crabe aux yeux roses protubérants, en référence au crustacé, symbole du cancer. Vers 400 avant J.-C., Hippocrate aurait nommé les tumeurs cancéreuses karkinos (crabe en grec).

Dans son ensemble, Vision Polyscopique Bourgeonnante offre un point de vue inédit de cette combinaison complexe du micro et du macro, de la sphère visible et de la sphère cachée, de l’Histoire et de notre contemporanéité, tout en reflétant la réalité salutaire de l’institution. Cette dernière apparaît comme un organisme à part entière, combinant des éléments de la médecine traditionnelle et de la médecine moderne, et faisant allusion aux missions principales de l’Institut Curie, à savoir la recherche, l’enseignement et la lutte contre le cancer.

Cette œuvre est une donation de l'artiste Haegue Yang à l’Institut Curie, fruit d'une collaboration initiée par la Galerie Chantal Crousel, Paris.

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